Addictologie et Alcoologie
La consultation familiale
Vous vous inquiétez au sujet d’un proche en difficulté avec l’alcool ou un autre produit. Peut-être n’est-il pas encore conscient que sa relation avec ce produit est un problème ? Peut-être est-il en voie d’entrer dans les soins, de faire la connaissance d’un médecin ou d’un thérapeute, d’intégrer un groupe de parole ? Peut-être s’apprête-t-il à faire un sevrage ? Peut-être cherche-t-il à réduire sa consommation et mieux vivre sans produit ?
Quelle que soit la situation actuelle et l’étape sur le chemin du soin où se trouve votre proche, vous vous posez légitimement beaucoup de questions, et avez vraisemblablement très peur d’être déçu.
Sachez en tout état de cause que votre soutien, votre attitude bienveillante vis-à-vis de la personne ayant des conduites addictives favorisent la réduction de la consommation et/ou la séparation d’avec le produit. Toutes les études montrent que les proches n’ont pas de responsabilité quant à l’installation des conduites et/ou de la maladie addictive, mais qu’ils ont un rôle prépondérant dans le rétablissement.
Au CH4V, sur nos sites de Sèvres et de Boulogne-Billancourt, la consultation familiale peut vous proposer un accompagnement pour vous aider dans ce cheminement.
Les répercussions de la conduite addictive dans votre vie
Face à la consommation d’alcool ou de produits psychoactifs toujours plus importante de votre proche, les consommations cachées, les mensonges, les rendez-vous manqués, les promesses non tenues, vous déployez beaucoup d’efforts pour contrôler la situation et limiter les dégâts. Malgré votre espoir que la situation change et vos vaines tentatives pour empêcher la consommation, vous pouvez être confronté au déni de votre proche qui minimise, ne reconnaît pas, n’a pas conscience du tourbillon dans lequel il est pris.
Il a perdu le contrôle de la situation et malgré tous vos efforts, vous ne parvenez pas à le reprendre avec/pour lui.
Face au déni de votre proche « non, je n’ai pas bu/ n’ai rien pris », aux banalisations « Ce n’est pas grave, je ne suis pas dépendant », aux minimisations « j’ai presque rien bu », peut-être vous sentez vous, trahi, manipulé. Ces « mensonges » sont des phénomènes classiques qui ne viennent en aucun cas exprimer des traits de caractère propres de votre proche. Pour lui, la consommation est normale voire nécessaire et il essaie de manière parfois désespérée et/ou maladroite, de s’accrocher à une réalité où le produit n’est pas perturbateur.
La personne qui consomme de manière excessive tout comme celle dépendante à un produit est toujours taraudée par la honte. Elle craint de perdre la face, sa famille, son travail,…
Elle se retrouve ainsi prise dans une double contradiction entre l’envie/le besoin incontournable de consommer et le souhait de préserver autant que faire ce peut, son estime de soi, ses relations amicales, professionnelles, familiales.
Un cercle infernal, « relationnel », s’installe. La personne addictive va essayer d’arrêter, de diminuer sa consommation pour se prouver ou vous prouver que c’est possible. Cela crée beaucoup d’espoir de votre côté et du sien. La reprise ou l’accélération des consommations vous confronte à un grand sentiment d’échec, à du ressentiment, de la déception. Vous lui en voulez de ne pas réussir à s’arrêter de consommer. Vous vous en voulez de ne pas réussir à l’aider. Parfois, vous réagissez à ce désarroi par plus de contrôle encore, plus de mises en garde, plus de réprimandes. Votre proche, quant à lui, vit également beaucoup de déception et de honte. Ces sentiments d’échec participent à réamorcer les consommations, qui s’accompagnent souvent d’agressivité ou d’abattement.
Le produit se met à organiser ou plutôt à désorganiser vos relations.
Vous êtes littéralement « branché(e) » à votre proche et à ses potentielles mises en danger. La co-dépendance s’installe. Alors que vous essayez de garder le contrôle sur votre proche, vous vous retrouvez en situation d’être contrôlé(e) par lui et par ses consommations. Vos communications ne tournent plus qu’autour du produit. Vous avez besoin de savoir à toute heure du jour ou de la nuit où est votre proche, ce qu’il fait, ce qu’il a consommé. Pour vous aussi, l’isolement, la honte, la crainte du pire règnent.
Vous pouvez également consulter la page « prise en charge de l’entourage« .
La maladie addictive
L’addiction n’est ni un vice, ni un manque de volonté, ni une mauvaise habitude, mais bien une maladie. Le Dr Fouquet la définissait comme « la perte de la liberté de s’arrêter de consommer ».
On distingue deux types de dépendances :
- La dépendance psychologique se traduit par l’utilisation du produit comme d’un médicament. Votre proche peut utiliser le produit pour l’aider à gérer ses émotions (peurs, colères, frustrations), pour soulager ses angoisses ou ses états de dépression, pour faciliter ses relations aux autres,… Faute de réussir à trouver des ressources internes pour vivre bien, votre proche reprend les consommations qui engendrent ou alimentent les états dépressifs et les angoisses. C’est le cercle vicieux de l’addiction qui s’installe,
- La dépendance physique elle, correspond au besoin irrépressible de consommer pour calmer les symptômes de manque exprimés par le corps (transpirations, tremblements…). Il est nécessaire que le sevrage soit accompagné médicalement dans ce cas.
La démarche de soins
La maladie addictive étant une maladie chronique, il faut du temps pour changer et il faut s’y préparer.
Avec la modération de la consommation voire son arrêt, une nouvelle vie peut commencer.
L’enjeu est de réapprendre à vivre avec moins ou sans produit, de se réconcilier avec soi et les autres, de trouver les moyens en soi et autour de soi pour se sentir mieux. Cela ne peut pas s’envisager sans aide et sans temps !
Votre proche doit accepter sa maladie et reconnaître sa vulnérabilité face au produit.
Il s’agit également de pouvoir gérer ses affects, ses soucis, ses frustrations, ses contrariétés sans le produit. En ce qui concerne l’alcool, cela implique de pouvoir ne pas boire dans une société qui y incite souvent avec des moments de convivialité qui tendent presque à « institutionnaliser » les consommations (pot de départ à la retraite, mariages, fêtes de famille, repas d’affaires ou évènements sportifs…). Il faudra aussi apprendre à gérer les réactions et le regard des autres parfois peu compréhensifs ou intrusifs vis-à-vis de ce changement.
Il existe également des risques importants de re-consommation qu’il ne faut ni dramatiser ni négliger.
Beaucoup de dépendants expliquent bien comment chaque rechute a été l’occasion de faire un pas de plus vers la guérison. Face à la honte et la culpabilité qu’implique la re-consommation, peut-être votre proche sera une nouvelle fois dans le déni d’avoir consommé. Il s’agira alors de vous protéger, lui et vous, du cercle infernal relationnel du produit. Votre proche doit apprendre à jouer franc jeu avec lui-même, aussi bien qu’avec vous, et peut se tourner vers l’équipe soignante en cas de rechute.
De votre côté, vous devez apprendre à faire confiance à l’aide extérieure, là où vous avez toujours beaucoup porté tout seul.
Il vous faut renoncer à « sauver » votre proche malade de ses conduites addictives et pouvoir le laisser prendre ses décisions, faire ses expériences. Votre vie est entre parenthèses et vous êtes en colère par rapport aux consommations qui sont autant d’épreuves. Vous êtes soulagé de le voir mieux et en même temps, vous lui faites des reproches, vous avez besoin qu’il comprenne votre désarroi. Peut-être attendez-vous des excuses, des aveux. Le cercle vicieux de la consommation de produit a pu vous amener à vous montrer suspicieux, inquiet malgré l’arrêt de la consommation. Tous ces sentiments sont normaux et ne doivent pas être négligés. Pour vous préserver et préserver votre relation avec votre proche, il est très important que vous puissiez exprimer ce que vous avez sur le cœur, pouvoir réfléchir à ce qui vous fait du bien.
L’accompagnement proposé par la consultation familiale
Quelle que soit l’étape du soin de votre proche, l’expérience nous montre qu’on est parfois « prisonnier » des fonctionnements, des relations et des habitudes du passé.
L’aide d’un thérapeute familial permet de prendre du recul sur vos relations, de mettre à plat vos ressentis, attentes et projets mutuels, et ainsi de retrouver une zone de confort entre vous.
En effet, certains problèmes rencontrés par la famille ont été occultés par les consommations de produits. Bénéficier d’un espace neutre peut soulager et amorcer la levée du tabou et/la fin du déni. Cela permet de renforcer le sentiment de sécurité de tous les membres de la famille, la confiance réciproque et l’esprit de solidarité, le sentiment d’appartenance ainsi que l’expression libre et le partage des émotions.
La consultation familiale permet de pouvoir parler de ce que chacun vit ou a vécu, et comment cela peut évoluer. Nos thérapeutes, formés à l’approche systémique, proposent de vous recevoir seul, en couple ou en famille, avec ou sans la personne addictive, afin de réfléchir ensemble à des solutions, de recréer des espaces de communication apaisés et de retrouver un équilibre.
L’équipe médicale
- Dr ANASTASSIOU, médecin
- Caroline DAUDIGEOS, psychologue
- Elise DIAMANT-BERGER, psychologue
- Michaël VILLAMAUX, psychologue