Addictologie et Alcoologie
Les conduites addictives qu’est-ce-que c’est ?
Les conduites addictives peuvent prendre plusieurs formes : dépendance à l’alcool, au tabac, au cannabis et aux autres drogues illicites, aux médicaments, aux jeux…
Dans tous les cas, elles témoignent d’une maladie car elles sont révélatrices d’un dysfonctionnement neurophysiologique (maladie du cerveau) et/ou d’un comportement inadapté (pathologies psychopathologique et cognitive). En fait, c’est le système neurophysiologique de récompense (ou plaisir immédiat) qui est impliqué.
C’est une pathologie neuropsychiatrique aux conséquences potentiellement graves aussi bien sur l’état de santé du patient qu’au plan social.
Diagnostiquer l’addiction
La classification internationale des maladies et la classification américaine DSM-5 définissent les conduites addictives comme des « troubles de l’usage ».
Le symptôme-maître du trouble est la perte de la maîtrise et la poursuite de la consommation ou du comportement malgré les répercussions négatives psychologiques, somatiques et sociales.
L’addiction est qualifiée de faible si 2 à 3 critères sont satisfaits, modérée pour 4 à 5 critères et sévère pour 6 critères et plus.
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Habituellement, la personne exposée au risque addictif, percevra une expérience positive (l’attachement – linking) lors des premières consommations, puis la répétition et la persistance du comportement (l’apprentissage – learning) provoquera l’accoutumance et la tolérance. C’est comme si la personne avait perdu la capacité à estimer sa consommation. Elle se trouve dans l’impossibilité d’agir sans consommer (ou pratiquer le comportement addictif) au risque d’états émotionnels négatifs. Elle sera dans une recherche incessante du produit (le besoin – wanting). Lors de l’absence de substance (ou l’impossibilité de réaliser le comportement pathologique), la personne ressent un manque intense la conduisant à des prises impulsives et compulsives.
Souvent, la personne tente de contrôler mais n’y arrive pas s’épuisant émotionnellement, se repliant sur elle-même, s’isolant, cachant sa consommation ou mentant le plus souvent par honte. La personne ressent un profond malaise et souvent elle a des difficultés à en parler et à avoir accès au soin.
A l’extrême pour certaines substances (l’alcool, les opiacés), le manque peut se traduire par une détresse physique intense avec des complications physiopathologiques pouvant induire des hallucinations, des crises convulsives voire le décès.
Différents profils des conduites addictives
Les conduites addictives peuvent revêtir plusieurs profils :
dépendance à l’alcool, au tabac, au cannabis, à l’héroïne, à la cocaïne, aux drogues de synthèse, aux médicaments (anxiolytiques, somnifères ou antidouleurs de type morphinique) mais aussi aux jeux de hasard, aux jeux vidéo, à la pratique extrême de sports ou de sports extrêmes et à la sexualité.
Les comportements alimentaires tels que la boulimie ou l’anorexie se manifestent souvent de manière proche et analogue quant à l’organisation des symptômes et leur aspect compulsif.
Le propre de ces profils du point de vue du fonctionnement psychologique est la dépendance qui se caractérise par la répétition, l’excès, la recherche inassouvie de sensations et d’expériences sensorielles, l’incapacité de modérer ou de faire cesser ces comportements malgré leurs conséquences néfastes sur le quotidien de la personne, l’envahissement abusif du quotidien de la personne par la quête et la pratique de ces conduites associés à une souffrance intolérable et prohibitive dès que la personne tente de s’y abstenir, la honte, un mauvais estime de soi, d’importantes difficultés à éprouver des émotions partagées, la crainte d’être psychologiquement envahi par l’autre etc.
Parfois, la dépendance caractérise, selon certaines études neuropsychologiques, le fonctionnement psychologique de ces personnes, des années avant l’installation de la maladie, souvent dès l’adolescence. Alors, elle peut se manifester tantôt comme une quête d’amour à travers le besoin de rendre service et/ou d’être reconnu, tantôt comme une tendance à des pratiques excessives voire abusives, ou un besoin de recourir à l’aide de substance pour vaincre une timidité considérée, par la personne même, comme maladive.
Dans tous les cas de figure, il est constaté que le processus d’autonomisation psychologique est ralenti voire suspendu dès l’adolescence.
Les conduites addictives sont donc des comportements persistants sur une période longue de la vie d’une personne, liées à des pratiques excessives et abusives, en rapport avec un dysfonctionnement neurophysiologique et psychologique avec des conséquences biologiques parfois fatales. Elles sont d’origine multiple : génétique, neurophysiologique et neuropsychologique, environnemental et familial, psychologique, et même socioéconomique et politique.
Elles font suite à une rencontre entre :
- un individu: son matériel génétique, son histoire de vie, en particulier si elle a été traumatique et abusive, ses échecs, ses contraintes, son tempérament qu’il soit introverti, dépressif ou au contraire impulsif et avide de sensation,
- un produit : un psychotrope procurant un effet « plaisant » ou soulageant rapidement un mal-être,
- un environnement où la substance est incitée à être consommée.
Les risques encourus
En l’absence de toute mesure de prévention et lorsque les conduites addictives persistent et se prolongent, plusieurs processus pathologiques s’installent de sorte qu’ils forment un ensemble de troubles considéré comme la maladie addictive, ses comorbidités (c’est-à-dire les maladies associées) et ses conséquences.
Il peut s’agir de comorbidités psychiatriques, qui concernent plus de 50% des personnes souffrant de conduites addictives ou, du fait de la toxicité des substances, de lourdes comorbidités somatiques :
- l’alcool est responsable d’après l’Organisation Mondiale de la Santé de plus de 60 maladies voir 200 si l’on prend en compte tous les dommages comme les blessures. On estime à 41 000 les morts dues à l’alcool en France,
- l’alcool est classé cancérigène pour l’Homme par le centre international de recherche sur le cancer. Les études scientifiques montrent une augmentation du risque de cancer dès la consommation moyenne d’un verre par jour. Cette augmentation du risque est proportionnelle à la quantité d’alcool consommée. Ainsi, toute consommation régulière d’alcool, même faible, est à risque. Elle est responsable chaque année de 28 000 nouveaux cas de cancers en France selon l’institut national du cancer. L’effet de la consommation de boissons alcoolisées dépend principalement de la quantité d’alcool absorbée et non du type de boisson (vin, bière, apéritifs…). Quel que soit le type d’alcool consommé, les verres standards servis dans les bars contiennent tous en général la même quantité d’alcool pur : un verre de vin aura le même effet cancérigène qu’un verre d’alcool fort,
- l’alcool est aussi toxique pour le cerveau. On estime qu’il est la première raison de troubles cognitifs avant l’âge de 65 ans,
- il existe une corrélation entre l’augmentation du risque de mortalité par cirrhose et la consommation d’alcool.Mais, outre les conséquences somatiques, les conséquences sociales sont particulièrement préoccupantes. En effet, l’alcool est responsable, selon un rapport de la direction générale de la santé de 35% des violences conjugales et de 45% des délits routiers.
- le tabac est responsable de 7000 morts et de 90 % des cancers du poumon,
- Le tabac est la première cause toxique affectant la reproduction.
Le cannabis est responsable de trouble de la mémorisation et de cancers du poumon.
Chaque patient présente donc une configuration particulière et singulière des processus addictologiques et des problèmes conjoints. La souffrance de chaque personne addictive est spécifique et unique.
C’est pourquoi, au CH4V, nous nous efforçons de définir des réponses d’aide thérapeutique sur mesure.
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